Aller au contenu

Page:Parigot - Le Drame d’Alexandre Dumas, 1899.djvu/262

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
246
LE DRAME D’ALEXANDRE DUMAS.

fut en déposer quelques exemplaires sur les bureaux de la Convention et du Tribunal révolutionnaire. Sans doute la mystification est un peu forte. Mais il est certain que des carrières de Montmartre il passe à Bruxelles, que les émigrés le font jeter en prison, qu’il en sort grâce à un faux en écriture, que, surpris plus tard par les gendarmes dans son château de Saint-Laurent, il s’évade par un souterrain, qu’il n’est que complots et conspirations, qu’il se trouve impliqué par la police dans l’affaire de la machine infernale, — tant qu’enfin il est arrêté par ordre de Napoléon, le 10 mars 1814, pour crime d’espionnage et de lèse-patrie, jugé par le conseil de guerre, fusillé le même jour à Reims, et qu’il affronte le feu du peloton, dédaigneux, énigmatique et romanesque, vêtu d’une casaque jaune et chaussé d’élégantes bottes hongroises à glands dorés[1].

Outre ses aventures politiques, qui suffiraient à défrayer l’invention d’un Ponson du Terrail, cet homme en eut d’autres, d’ordre privé, et aussi singulières[2]. Au chevalier du poignard, au défenseur de Marie-Antoinette les hôtels garnis suffisaient pour le gîte. Une dame Lacouture, femme d’un conseiller au présidial de Coutances, débarque à Paris avec son mari malade. Le mari consulte un médecin en renom et meurt. La veuve retourne à Coutances pour régler ses affaires de succession. Elle revient à Paris, rencontre Rougeville, s’éprend de lui. Il a ses entrées à la cour ; elle lui confie ses économies contre une promesse de rente annuelle de huit cents francs : c’est une liquidation définitive. Plus de Rougeville ; il abandonne l’hôtel de la rue Saint-Honoré où ils vivaient en compagnie. Il emporte le magot, et laisse la femme éplorée et le loyer

  1. Lenôtre, op. cit., chapitre x, p. 276.
  2. Ibid., tout le chapitre iv, et passim.