cieusement recueillies de Murillo dans un demi-jour vague et suave[1]. » Quant à la femme, «… vous eussiez dit une de ces beautés fatales que Callot, Michel-Ange ou autres (!!) semblent, dans leurs tableaux, traîner à plaisir par les cheveux devant un Saint du désert[2] ». C’est donc la passion échevelée qu’il s’agit de peindre, avec une pointe de sadisme que rehausse la timidité rêveuse d’un enfant en proie à cette goule, d’un enfant que « l’énigme tourmente » et dont « l’âme est un chaos »[3]. Roger de Beauvoir prend de la peine pour mêler l’angoisse à notre plaisir ; il y a du ragoût. Aux premières questions de la reine, messire Jehan Buridan répond (tel l’amoureux de Mon Isménie), qu’il n’a jamais aimé que deux personnes : sa mère et… son ami Arthur[4]. Enfin l’on vient au fait. « Tout à coup il sentit un bras l’étreindre avec puissance… « Ma mère ! ma mère ! »… « Je serai ta mère ! »… Il voulut écarter cette vision et repousser le fantôme. En ce moment le lit rougeâtre de clarté lui apparut. « L’enfer ! » — « L’enfer à deux[5]… » Je n’ai cité que l’indispensable, et je recours en hâte aux points suspensifs que l’auteur a semés tardivement. Encore ces points suspendent-ils la scène sans l’épuiser. Entre le réveil de Buridan, l’écolier malgré lui, et l’apparition du sac mortuaire dans lequel le juif Manassés, exécuteur de la reine, le
- ↑ L’Écolier de Cluny, ch. i, p. 68.
- ↑ Ibid., p. 69.
- ↑ Ibid., p. 70 et p. 71.
- ↑ Ibid., p. 71.
- ↑ L’Écolier de Cluny, ch. i, p. 72. Voir, ibid., tout le tintamarre du pire romantisme. « C’était une haleine de feu passant d’abord sur les boucles de ses cheveux, puis un regard d’ange tombé lascif et suave ; un bras qui repousse, un bras qui cède, une bouche qui prie, un front ployé sous une caresse, un combat de réprouvé, un étonnement d’élu. — « Je serai ta mère ! » disait-elle… »