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Page:Parigot - Le Drame d’Alexandre Dumas, 1899.djvu/288

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LE DRAME d’ALEXANDRE DUMAS.

toujours bon à pendre. Gaultier d’Aulnay, favori de la reine, est relégué par lettres patentes en Champagne. Buridan suit la pure tradition révolutionnaire. Il est parvenu, politique, exclusif, à la française. Il tend un double piège à la reine et au favori, à l’une pour avoir tué Philippe, à l’autre pour avoir oublié le cadavre de son frère. À ce soir donc, à la Tour de Nesle, où Gaultier sera l’instrument de la ruine de Marguerite, où Marguerite compte écraser Buridan, où Buridan pense se défaire de Marguerite et de Gaultier. En sorte que la fin du quatrième acte réunit les fils, resserre l’action, tend l’émotion, en quelques répliques symétriques, à la façon du vieux Corneille, selon la formule des Dumas. De nouveau la Tour de Nesle apparaît à l’horizon chargé d’orages : soupirail de l’enfer, caverne du vice et de la vengeance. Enfin, par un effet de symétrie plus dramatique encore, de même qu’au quatrième tableau Enguerrand fut arrêté par Buridan, qui fut appréhendé par Gaultier d’Aulnay, — pareillement, à cette heure décisive, Marguerite donne dans la souricière de Buridan, qui se prend au guet-apens de Marguerite. Cela fait une suite de beautés philosophiques. À nous deux la France, et non à nous trois ; et non pas même à nous deux, mais à moi[1]. À personne, messire : la France au peuple français. On ne perd rien à le lui dire.

Pour lui est fait le cinquième acte, pour lui le pathétique et les frissons d’orgueil. Deux tableaux. Le huitième est rapide. Buridan brûle ses vaisseaux ; mais il n’a pas brûlé les fameuses lettres, son dernier moyen, que la reine redoute, qui dessille les yeux de Gaultier, gentilhomme loyal, mais que l’amour absorbe : lettres

  1. La Tour de Nesle, II, tabl. iv, sc. ii. p. 41, et IV, tabl. vii. sc. viii, p. 77.