sa part, pour lui opposer les conditions, illusions, aspirations, obligations de la société. La scène du Hasard est comme un écho de la légende napoléonienne ; celle des Enfants trouvés met sur le théâtre les préventions et préjugés de l’aristocratie nouvelle, et la levée de boucliers de tous les Figaros impatients ou avides. S’il y a du byronisme là-dessous, on voit du moins se dresser le mur d’airain de l’opinion, obstacle alors inéluctable aux amours en marge et aux appétits en liesse. Dans le manuscrit, où la passion parle à peu près seule, Adèle, presque reconquise, pardonne à Antony et déteste vaguement le monde[1] ; dans la pièce, éperdue, elle se révolte contre la société, mais, chancelante, lui obéit. Le moment approche de l’irréparable rébellion.
Acte III. — Peu de retouches. C’est le centre du drame, un attentat dont la rapidité exige plus de décision que de préparation. Dumas a cru devoir ajouter le jeu de scène du poignard qu’Antony fiche en la table, et cette phrase lapidaire : « Elle est bonne, la lame de ce poignard »[2]. Le monologue, dont cette phrase est un fragment, s’égarait en des considérations quelconques sur la destinée. Une apologie métaphysique du suicide en a pris la place ; ce bavardage était fort à la mode, et amorçait le dénoûment. Le morceau se terminait à l’arrivée de la voiture, sur quelques mots d’angoisse empruntés au monologue du duc d’Albe, et déjà utilisés dans Christine[3]. Il a supprimé ces beautés déjà vues. Une scène a disparu, dans laquelle l’hôtesse disait à Adèle que le baron d’Hervey passait à Stras-