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Page:Parigot - Le Drame d’Alexandre Dumas, 1899.djvu/390

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LE DRAME D’ALEXANDRE DUMAS.

doxe, et tout à fait selon l’esprit de la bourgeoisie régnante. Un musicien, Emmeric d’Albret, végète à Paris. Un soir, il rencontre dans un salon, « un riche salon du faubourg Saint-Germain » (toujours Antony et du parvenu là-dessous), une jeune femme que « vingt rivaux, comtes ou marquis, entouraient de leurs soins assidus !… Beauté fière et dédaigneuse[1]…  » Vous entendez que c’était une grande dame. Mariée à un amiral, elle prend l’avenir du jeune homme en main. Elle lui fournit un librettiste en renom ; elle obtient pour lui « le signe de l’honneur », — avec la collaboration de son mari, qui fut l’ami du père d’Emmeric et son camarade dans la marine. « J’eus l’honneur, dit l’amiral, d’être blessé par le boulet qui l’emporta[2]. » Mais rappelons-nous l’aphorisme concentré d’Ajax deuxième :

Toute chaîne,
A deux poids,
Toute peine
En a trois[3].

Ce compositeur avisé, qui a un librettiste, le signe de l’honneur et une maîtresse utile, apprend l’arrivée à Paris de sa jeune cousine, mademoiselle Clérambeau, nubile et ornée d’une brillante dot. Le père Clérambeau, de la maison Clérambeau et Cie, ne pardonne, dans le passé des prétendants, que « les folies de jeunesse… erreurs éphémères qui n’ont point de lendemain et passent sans retour[4] ». La périphrase plaît.

  1. Une Chaîne, I, sc. iv, p. 222. Voir ibid. « Mon air soucieux et triste la frappa sans doute. » … « Aussi, et quelques instants après, malgré moi, et sans le vouloir, je lui avais confié mes peines et mon désespoir. » C’est un Antony, — moins les rentes ; « … Elle m’écoutait en souriant, de ce sourire des anges… » — et moins la passion.
  2. Une Chaîne"", I, sc. vii, p. 230.
  3. La Belle Hélène, I, sc. xi, p. 40.
  4. Une Chaîne, I, sc. vii, p. 234.