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Page:Parigot - Le Drame d’Alexandre Dumas, 1899.djvu/445

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L’ÉCRIVAIN. — CONCLUSION.

Mais quand il suit sa complexion il crée le drame sous toutes ses formes.

Dans Henri III et sa Cour l’effort littéraire n’est pas le meilleur. L’auteur y subit l’influence persistante de la tragédie, et notamment celle de Corneille, qui lui enseigna le progrès logique des péripéties, la fécondité des sujets et des situations, la rigueur des caractères tout d’une pièce, mais qui l’égara aussi en des drames tragiques, œuvres hybrides, dont je persiste à croire qu’elles ne sont pas son fait, malgré le succès relatif et tardif de Charles VII chez ses grands vassaux et malgré le prologue de Caligula. Mais Henri III est une œuvre considérable, étant la première où le drame national, et surtout populaire, trouva sa formule et son inspiration. Après avoir étudié, disséqué, traduit les maîtres étrangers, pour rattraper la technique et l’esprit français, c’est à Beaumarchais qu’il s’adresse. Sans doute, cette conception de l’histoire à la mode de Figaro est peu scientifique, et peut-être le théâtre est-il réfractaire à la science de l’histoire. Mais ce que le peuple de France demandait au passé, une image agrandie de lui-même et toutes les puissances ravalées à son niveau, Henri III et sa Cour le réalisait sous ses yeux, par vives couleurs, mouvement, passion, et avec verve. Le drame est né, le genre créé. La Reine Margot, la Dame de Monsoreau, le Chevalier de Maison-Rouge, toutes les époques, mais surtout les époques d’action, le xvie siècle et la Révolution y pourront revivre, au moins sur la scène, et pour un public qui appelait ce spectacle de tous ses vœux. M. Victorien Sardou ne s’est pas mépris sur la portée véritable du drame historique. Il a suivi les progrès de l’archéologie : il a dépensé plus d’érudition plus sûre dans le costume, mais engrené dans le mécanisme de Dumas même passion et inspiration, réus-