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LE THÉATRE D’HIER.

ses institutions et changer la face du monde. Cela s’est vu. Il peut du même coup imprimer un vigoureux élan à la pensée humaine, à la science, et renouveler les bases de la société. Cela encore ne dépasse point ses forces. Mais ce qu’il ne saurait empêcher, ce qui semble de nécessité fatale, et dont le contraire se conçoit malaisément, ce qui ressort de nos mœurs modernes, ce que vous ne trouverez nulle part dans nos lois, une vérité de fait, à quoi d’abord on n’a point pris garde, c’est que l’égalité entre les hommes entraine (pour un temps du moins) la toute-puissance de la femme. « Dès qu’elles seront vos égales, elles seront supérieures »,. disait le vieux Caton. Il eût mieux dit encore, s’il eût vécu en notre temps. « Depuis que vous êtes égaux, elles sont au-dessus de vous. » Et voici comme quoi.

Une société nouvelle est née, et parmi des fluctuations et quelques révolutions s’établit sur ses assises et se développe.

Aux classes fraîchement dirigeantes il faut la sérénité qui affirme le pouvoir, l’élégance qui l’excuse, et, s’il se peut, le charme qui l’impose doucement. La femme seule est capable d’être en même temps tout cela. Il leur faut le luxe, qui est le signe matériel d’une supériorité palpable, et qui affiche la science d acquérir et le souci de dépenser. La femme. Il leur faut le stimulant des ambitions et des énergies, et l’aisance dans le triomphe. La femme. « Comme statue sur un socle ou comme dessus de fauteuil dans un salon, écrivait jadis M. Frédéric-Thomas-Graindorge, la femme est l’idéal ; comme épouse ou maîtresse, elle est souvent l’alliée, souvent l’adversaire, quelquefois l’ennemie. » Vous pensez bien que l’adversaire et l’ennemie n’apparaissent pas tout de suite. Mais la statuette sur son socle, — bientôt sur son piédestal — mais le meuble de prix, qui marque le goût et la condition du possesseur, mais l’alliée qui l’aide à parvenir, qui en