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XIV
INTRODUCTION.

geois, bourgeois lui-même, à qui ne déplait pas trop que, depuis les derniers États généraux, on ait un peu bouleversé l’ordre des préséances.

Scribe a été l’homme de son temps, — et de son métier. Ceci lui fait plus de tort. Au moment où il élargissait la formule de l’art dramatique, et poursuivait ce mouvement vers l’extérieur, auquel ont aspiré les dramatistes du xviiie siècle, il ne crut pas que le spectacle du dehors pût, sans adaptation ni arrangement, cautionner l’intérét du spectacle scénique ; il pensa et dit (avec quelque excès, sans doute) que le théâtre est une fiction, et que la commune vérité n’y saurait entrer de plain-pied ; et il pensa aussi que le théâre est un art ensemble et un métier, qui se sert de l’imagination pour corriger l’incohérence brutale ou l’apparente insignifiance de la réalité. Et donc, il s’ingénie à éclairer, illustrer, ordonner les menus faits, les plus ordinaires catastrophes ou influences. Les moindres événements journaliers pèsent d’un poids considérable, le « grain de sable » a une industrieuse action sur les destinées de ses personnages. Son théâtre est tout plein d’un merveilleux sans mystère, d’une fatalité bénigne, engrenante et aisée. Cette logique superstitieuse des petites causes et des grands effets était dans l’air. C’est l’époque des estampes enluminées, qui représentent le petit caporal montant la garde. C’est l’heure de Béranger.

Il s’est assis là, grand’mère !
______Il s’est assis là !