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XVI
INTRODUCTION.

main, il n’en fut pas moins un ouvrier nécessaire. Il n’a pas été Balzac ; mais tout de même il a été Scribe, un homme de théâtre qui, d’instinct et d’imagination, amena la comédie contemporaine à deux doigts de son point de maturité. Il a fourni aux observateurs les moyens de mettre en scène le sérieux de leurs pensées, s’il a facilité aux amuseurs l’exploitation de leur réjouissante ou frivole fantaisie.

Et puis, de bonne casse est bonne ; et le vaudeville n’est pas condamnable en soi. Une chose nous manque à l’heure présente : c’est la gaieté ; et il y a une chose que nous avons de trop, c’est l’opinion, dont nous sommes férus, que nos pères n’aient pu être gais sans sottise. Depuis que nous nous sommes mis en tête d’être désolés, et que la plaintive élégie assombrit l’esprit de la jeune France, nous sommes proprement incapables de comprendre l’état moral, qui a pu créer et propager la contagion du vaudeville. Il faut le dire, au risque d’être repris : le vaudeville est éminemment populaire par la dose d’imagination et la moyenne d’observation légère qu’il comporte. Nous venons de voir qu’il est né à son heure ; quant à la violente opposition qu’il soulève aujourd’hui, elle n’est que le terme nécessaire de son développement, et la rançon des abus que son nom a pu couvrir.

Il a donc débuté par être l’entre-deux de l’exaltation romantique et de l’illusion du peuple, par l’optimisme souriant et machiné de Scribe. Après 1852, le rire,