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EUGÈNE LABICHE


I

LE RIRE HYGIÉNIQUE


Il y a deux remèdes à la dyspepsie qui attriste la fin de ce siècle : Vichy et Labiche. Vichy ne réussit pas toujours, Labiche a des effets immédiats.

Vous qui souffrez, maigrissez, perdez l’appétit et le sommeil, et, par un douloureux effort d’analyse intérieure, qui est le plus grave symptôme de la maladie même, avez oublié la douce contraction du rire ; ô vous, désespérés de la vie et de la littérature, cérébraux très précieux, entendez-moi : essayez de Labiche, d’abord par quart de verre (à dose plus forte, l’estomac trop soudainement sollicité regimbe), une heure après le repas, Source Lourcine ou Montaudoin pour débuter ; puis graduez, et absorbez bravement le Chapeau de paille ou la Cagnotte, — même en cinq actes cela devient si léger ! — et les nerfs vont se détendre, la gaîté reparaître, l’imagination, la fantaisie chasser bientôt l’universelle désespérance ; voici que la bouche s’écarte, les lèvres se tirent et se plissent aux coins, le poumon se dilate, la digestion s’opère, et la joie rentre au cœur, par bouffées, parmi les secousses d’un éclat de rire