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EUGÈNE LABICHE.

IV

L’OBSERVATION


Doit-on le dire… ?

Qu’avec tout ce brio Labiche est un maître inférieur ? Je ne dis pas cela, puisqu’il a mis en œuvre une fantaisie qui nous désopile la rate. Que dans cette production considérable (au point que l’éditeur n’a eu ni le loisir ni le courage de tout réunir en volumes), on ne trouverait pas un type véritablement vrai, d’une vérité un peu plus profonde et intérieure ? Je ne dis pas cela, puisqu’on me renverrait sur-le-champ, avec quelque mépris, à M. Perrichon.

Mais je dis que c’est gâter l’admiration due à Labiche que la vouloir pousser trop avant ; qu’à être plus ambitieux pour lui qu’il ne le fut lui-même, on fait pièce à sa mémoire ; qu’il ne faut pas tirer le cordonnier de la chaussure, « ne sutor ultra crepidam », ni demander à Labiche des « idées philosophiques et d’une belle force », comme on l’a écrit sans rire, ni même sonder avec trop d’insistance le peintre de caractères.

 En revenant de Cadix,
 Nous étions dix ;
 En arrivant à Melun,
 Nous étions un…

Ils sont cent, deux cents, que sais-je ? Et ils sont un, les bonshommes de Labiche. Ils sont un, qui font du tapage comme cent et deux cents : empiégés dans les réseaux assez lâches d’une douce petite morale bourgeoise et peu exigeante, parmi les embarras et quiproquos d’une cérémonie civile, assez indifférente de soi, qui est le mariage, à tous les degrés, aux deux périodes, avant