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VICTORIEN SARDOU


I

L’INCARNATION DU THÉÂTRE.


« Ce jeune homme est l’incarnation du théâtre. » Depuis que l’auteur des Faux Bonshommes laissa tomber de ses lèvres cet aphorisme, M. Victorien Sardou est victime d’un malentendu. La critique s’est emparée du mot. Elle a élevé M. Sardou au rang des maîtres du théâtre contemporain, pour le cribler ensuite de ses insinuations et l’accabler de ses réserves. Elle ne cesse de lui reprocher ses débuts, sa longue carrière, toute son œuvre, ses châteaux, ses succès, ses échecs, et son Odette qui rappelle la Fiammina, et jusqu’à son profil qui ressemble à celui du Premier Consul. Que ne lui reproche-t-on point ? C’est à croire que la Fatalité antique pèse sur lui, et que véritablement les dieux, les terribles dieux sont jaloux des mortels trop heureux. La Némésis le poursuit sans modestie. Une jeune école s’est formée, qui a fondé un théâtre, qui a recruté un public, pour protester par des chefs-d’œuvre de quinzaine contre la littérature de M. Sardou, dont ils disent couramment ce qu’un autre a écrit de son maître Scribe : « Il aurait pu être de la