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GAUVAIN.

ainsi torturée la reine sa mère. « Fils de putain ! » s’écrie-t-il en brandissant un pieu tranchant, « malheur à toi d’avoir osé porter la main sur cette dame ! tu ne seras jamais assez châtié. » Taurus, en s’entendant menacer, abandonne la dame, prend une forte lance et attend Gauvenet, qui fond sur lui comme tempête. Taurus brise sa lance, Gauvenet lui enfonce son pieu dans la poitrine et le jette sur le pré sans vie. Alors accourent Agravain, Guirre et Gaheriet : le premier lui coupe la tête, les deux autres les bras ; ils partagent son corps en cent morceaux, puis se ruent de concert sur les Saisnes qui, après une longue résistance, lâchent le pied et abandonnent la place. Gauvain revient aussitôt à sa mère : il descend, la prend entre ses bras, la couvre de baisers ; hélas ! elle ne donne plus signe de vie. L’enfant tord ses poings, déchire ses cheveux, répand autant de larmes que si l’on eût versé sur lui une tonne d’eau. Ses cris déchirants vont jusqu’à l’âme de la malheureuse mère ; elle ouvre doucement les yeux, reconnaît son cher Gauvenet, et soulevant ses mains vers le ciel : « Cher fils, » dit-elle, « taisez-vous, ne pleurez pas ; je n’ai pas de blessures dont je doive mourir. Je ne suis que mal en point : où sont vos frères ? Nous voici, » disent-ils en accourant. – « Dieu soit béni ! mais le petit