la reine. Le roi a été contraint de céder le champ, et je me suis enfui avec l’espoir de sauver l’enfant qui repose dans ce berceau. Quant à vous, pour Dieu, n’allez pas plus loin, car vous trouverez tant de mécréants que vous ne pourrez durer devant eux. — Écoute, » répond Gauvenet, » ce que tu devras faire. Ne sors pas de ce bois avant de recevoir de nos nouvelles, et sois sûr que tu n’auras pas sujet de t’en repentir. » L’écuyer consent à faire ce qu’on lui demande et gagne le bois avec son précieux fardeau.
Gauvenet, sa troupe et le chevalier qui les conduisait traversent une autre bois, arrivent à l’entrée d’une lande, et suivent des yeux d’un côté le roi Loth fuyant vers Glocedon ; de l’autre au milieu d’un pré, une dame de grande beauté que Taurus furieux saisissait par les tresses dénouées. La dame, ainsi livrée aux mains des mécréants, s’écriait : « Sainte Marie, mère de Dieu, venez à mon secours ! » Taurus lui fermait la bouche de son gant de fer, il la frappait tout ensanglantée ; puis la dame tombait comme morte, embarrassée dans sa longue robe, et Taurus la faisait étendre sur son cheval : comme elle n’avait pas la force de s’y tenir, il la reprenait par ses tongs cheveux et la traînait après lui. Gauvain, à cette vue, pique des deux et bientôt reconnaît dans la dame