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LE ROMAN DU COMTE DE TOULOUSE.

à l’une d’elles qu’a dû l’emprunter l’auteur du poème français perdu.

De ce poème dérivent, nous l’avons vu, parallèlement au poème anglais, les autres versions de notre récit qui forment le groupe III. Mais elles n’en dérivent pas directement : il faut admettre un intermédiaire par lequel s’expliquent les traits communs qu’elles présentent en regard des groupes I et II. Le plus important de ces traits est qu’il n’y a plus qu’un accusateur, ce qui d’ailleurs est plus naturel du moment qu’un amour coupable est devenu le mobile de la calomnie[1].

    mière forme, le sénéchal, épris d’Olive et repoussé par elle, l’endort au moyen d’une potion, endort de même un nègre et le couche auprès d’elle ; puis il amène le roi, qui décapite le nègre et enferme la reine, après qu’elle a offert de se soumettre à des épreuves et que le traître a été vaincu dans un combat singulier où il avait tous les avantages (mais tout cela est attribué par les ennemis d’Olive à ses sortilèges, trait qui a son pendant dans le Fioravante). Dans Doon de la Roche, il ne s’agit pas d’amour : Tomile hait Olive parce qu’il veut faire épouser sa sœur à Doon ; il décide un garçon à se coucher auprès de la duchesse endormie, en lui disant qu’elle est ivre, et va chercher Doon, qui tue le garçon et renvoie Olive (malgré son offre de subir des épreuves) à Pépin, lequel la chasse avec son enfant. Dans le roman espagnol, Tomillas endort Olive au moyen d’un talisman, décide un de ses vassaux à se coucher auprès d’elle et le plonge dans le même sommeil, et amène ensuite Doon dans la chambre ; il tue lui-même son vassal. Doon fait prévenir Pépin, qui arrive, et devant lequel Olive soutient victorieusement l’épreuve du feu (comme Drugiolina, bien qu’avec d’autres circonstances) ; elle n’en est pas moins enfermée dans un monastère.

    Disons encore que dans le poème anglais de Sir Triamour (voy. F. J. Child, The English and Scottish Ballads, t. II, p. 45), le sénéchal d’un roi, chargé par lui de garder sa femme en son absence, et rebuté par elle, raconte au roi, à son retour, qu’il a vu un homme couché avec la reine et l’a tué, sur quoi le roi la bannit. C’est à peu près la même histoire que celle de Geneviève de Brabant, où Golo prétend avoir surpris Geneviève avec un cuisinier, qu’il jette en prison et fait plus tard périr, tandis que Geneviève est livrée à deux serfs pour eue tuée. Ces formes du cycle Octavien ont subi l’influence du cycle Crescentia.

  1. On peut voir une sorte de transition entre les deux formes dans une histoire incorporée à la Thidreks Saga et où Child (loc. cit.) croit trouver, sans raison bien frappante (car la ressemblance du nom peut être fortuite), un dérivé de la Reine Sebile. Le roi Sigmund, mari de Sisibe, la laisse, en partant pour une expédition, la garde de deux de ses