Page:Paris, Paulin - Collège de France ; cours de littérature du Moyen-âge. de la mise en scène des mystères.djvu/16

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.

tre le pauvre mendiant qu’ils excommunient et traitent en grand coupable, pour s’être laissé guérir un jour de sabbat :


Chassez le faux vilain dehors !
Il est digne par son outrage
Que chascun lui crache au visage,
Puis que nostre vouloir ne fait.


L’AVEUGLE


Helas ! eh ! je n’ay rien meffait,
Seigneurs ; que me demandez-vous !


NATHAN.


Il dust estre par mort desfait.
Va, faux aveugle contrefait,
Jamais ne t’en viens devant nous !


Dans tous les temps, une pareille scène appartiendrait à la bonne comédie de mœurs. Nous avons encore le droit de louer la dernière entrevue de Jésus avec sa mère, quand, avant les tourments de la Passion, Marie supplie l’Homme-Dieu de ne pas mourir encore, et surtout de ne pas choisir la mort des criminels et les plus horribles tourments. » C’est, « a dit M. Géruzez, « un dialogue d’une admirable naïveté, et que cette fois la situation élève jusqu’au sublime. Il est difficile de porter plus loin le pathétique avec tant de simplicité. » Le même historien de notre littérature française n’a pas non plus méconnu le mérite particulier de la visite de Marthe à sa sœur Magdeleine, au temps de ses premiers égarements. Marthe pourrait être Arsinoë, et sa sœur encore mieux pourrait se nommer Célimène. Mais il faut avouer que ce charmant épisode doit beaucoup aux remaniements de Jean Michel. Il n’en est pas de même du dialogue de saint Pierre avec la servante :


Il fait le sourd ! Ah ! vien-ça, dy ;
Ne te vis-je pas au jardin
Avec luy quand il fut saisy ?


PIERRE.


Eh ! je vous respons que nennin !
Sut mon sennent le vous affy.


SALMANASAR.


Il faut chanter d’autre Martin !
Ne te vis-je pas avec luy