Page:Paris, Paulin - Mémoire sur le cœur de saint Louis.djvu/15

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longtemps après, c’est-à-dire quand on sollicita la canonisation de saint Louis, qu’on mit au jour pour la première fois l’ouvrage de Geoffroi de Beaulieu, suivi d’une addition de Guillaume de Chartres, autre clerc de saint Louis, moine jacobin comme Geoffroi, et mort, ainsi que Geoffroi, quand on publia cette addition ; car il ne figure pas sur la liste des témoins entendus dans le procès de canonisation.

Quoi qu’il en soit, le préambule du livre de Geoffroi de Beaulieu ne répond aucunement à la demande du pape. Le voici : « Ad divi nominis gloriam… et multorum et magnorum precibus inductus… sanctam conversationem christianissimi regis Ludovici quondam regis describere dignum duxi. »

La difficulté a été soulevée par Tillemont, et certes elle n’est pas de celles qu’il serait convenable de dédaigner (E). Geoffroi de Beaulieu, mort peu de temps après le saint roi, ne serait-il pas l’auteur de la vie de ce prince publiée sous son nom à l’époque de la canonisation ? La critique se verrait-elle à regret obligée de détruire l’un des fondements, sinon les meilleurs au moins les plus invoqués, de l’une des plus pures gloires de la France ? Nous ne le pensons pas. Ce livre offre, en général, un caractère de sincérité qui ne permet pas de le refouler au nombre des fraudes pieuses du moyen âge. Mais l’auteur ayant été surpris par la mort avant d’y avoir mis la dernière main, les jacobins ou les moines de Saint-Denis ont pu songer à le compléter. Ils ont pu le fortifier du préambule dont nous avons cité la première phrase, et des derniers chapitres dont il ne nous sera pas moins facile de démontrer la supposition.

En effet, le livre, qui contient cinquante-deux chapitres, devrait s’arrêter avec le quarante-deuxième, c’est-à-dire avec les phrases suivantes : « Si rationem vis doloris admittat, gaudendum potius quam dolendum, tum propter modum christianissimum mortis ejus, tum quia de ipso certa ab omnibus vitam ipsius gloriosam et actus sanctissimos agnoscentibus, spes habetur quod jam de temporalis regni cura sit translatus ad cœlestis regni jocundam curiam, quæ curæ terrestris extat penitus aliena ; ubi cum electis Dei regnans in perpetuum, beata requie perfruitur sine fine. Migravit autem ad Dominum in crastino beati Bartholomæi apostoli, circa