Page:Paris, Paulin - Mémoire sur le cœur de saint Louis.djvu/37

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lippe-le-Hardi, en 1285, n’est pas moins remarquable. Philippe-le-Bel, connaissant l’affection de son père pour les Jacobins de Paris, avait promis le cœur du roi défunt à ces bons pères. Quand les entrailles eurent été inhumées à Narbonne, et que le corps fut ramené à Saint-Denis, les Jacobins réclamèrent le cœur de Philippe. Matthieu de Vendosme refusa avec hauteur, et l’on peut croire que sans le scandale de sa résistance l’histoire aurait moins parlé du cœur de Philippe que de celui de saint Louis. Quoi qu’il en soit, voici comme les chroniques de Saint-Denis nous ont rendu compte de la querelle :

« Le roi fut conroié comme il affiert à tel prince : les entrailles furent enterrées en la maistre église de Narbonne ; les ossemens furent apportés à Saint-Denis en France, et furent mis en sepulture d’encoste son père, le saint roy Loys. Mais ainsois qu’il fussent mis en sepulture, grant dissencion et grant descort s’esmut entre les moines de Saint-Denis et les frères prescheurs de Paris. La cause fut pour ce que le roy Philippe, le fils du bon roy, avoit donné et octroié ainsi comme depourveuement à un frère de l’ordre des prescheurs le cuer de son père ; pour ce qu’il fust mis au moustier des frères prescheurs de Paris.

» Les moines de Saint-Denis le vouloient avoir, et disoient que puisqu’il avoit eslu sa sepulture en l’église de Saint-Denis, son cuer ne devoit point reposer ailleurs ne gesir. Mais le jeune roi ne voult point estre desdit à son commencement, si commanda qu’il fut baillié et délivré aux frères prescheurs de Paris.

» Pour ceste chose furent meus à Paris plusieurs questions entre les maistres en theologie : assavoir mon se le roy povoit donner et octroyer le cuer de son père propre, sans la dispensation de son evesque souverain… Duquel cuer au roy Philippe il fut après déterminé par pluseurs maistres en theologie que le roy ne les moines ne le pourroient donner sans la dispensation du pape. »

Cette anecdote, on en conviendra, méritait d’être rappelée dans la discussion qui nous occupe. D’un autre côté, il ne serait pas téméraire de supposer que Philippe III, afin de prévenir des réclamations, et pour ne pas demander comme une faveur