Page:Paris, Paulin - Mémoire sur le cœur de saint Louis.djvu/42

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

royaume, offrait des conclusions exactement opposées, et si M. Letronne avait cru pouvoir substituer le doute à la négation la plus rigoureuse, je me serais gardé d’intervenir dans la discussion. D’ailleurs, il ne s’agit pas, comme on semble le craindre, d’inquiéter la conscience et la foi des chrétiens et des bons Français, en réclamant pour l’objet découvert les honneurs publics qu’on serait heureux de rendre au cœur de saint Louis. L’Église, en matière de culte, ne doit pas se contenter d’inductions et de probabilités, quels que soient leur exactitude et leur nombre. Il lui faut des témoignages précis, des actes pour ainsi dire palpables ; et ces preuves, ces témoignages ne sont pas encore à notre disposition. Mais pourquoi nous ferions-nous scrupule de déclarer que nous espérons fermement de l’avenir ce que le présent ne nous accorde pas ? Une lettre contemporaine, quelques vers d’un jongleur, quelques mots d’une charte, d’un inventaire ou d’une chronique, la découverte surtout du premier testament de saint Louis, peuvent nous apporter la démonstration que nous jugeons indispensable. Que l’objet de tant de fervente sollicitude soit en attendant exposé, sous verre, dans un de nos Musées ou dans la Bibliothèque du roi, jusqu’au moment où la Sainte-Chapelle, ce chef-d’œuvre de l’art du XIIIe siècle, sera rendue au culte. Et si l’opinion de MM. Le Prévost, Taylor, Dubeux et Berger de Xivrey n’a pas alors reçu la sanction d’un témoignage authentique, que le cœur soit pieusement remis à son ancienne place, qu’il n’y soit plus jamais troublé ; et qu’il reste seulement un faible souvenir de la discussion soulevée de notre temps à l’occasion de son exhumation involontaire.