Page:Paris, Paulin - Mémoire sur le cœur de saint Louis.djvu/9

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Enfin, qu’il doit avoir été déposé dans la Sainte-Chapelle.

Commençons par mettre à l’abri de toute incertitude le fait de la conservation du cœur de saint Louis. Plusieurs personnes en effet, dont l’autorité nous semble grave, pencheraient à croire qu’aussitôt après la mort de Louis IX, on a pu négliger d’embaumer séparément le cœur. Le mot latin viscera, pouvant être pris dans un sens très étendu, comprendrait à leurs yeux les entrailles, le foie, le cœur, en un mot tout le corps de saint Louis à l’exception des os. Il nous sera facile de détruire cette première difficulté.

Le sens de viscera n’a rien à faire ici ; car le mot n’est employé par Guillaume de Nangis, ni par Geoffroi de Beaulieu, ni par Mathieu Paris, ni par le moine anonyme de Saint-Denis. On trouve à sa place celui d’intestina, dont on conviendra sans doute que l’acception est plus restreinte. Et, pour lever toute incertitude, Geoffroi de Beaulieu et le moine anonyme nomment et le cœur et les intestins, cor et intestina, de même que nos auteurs français, le cœur et les entrailles.

C’était d’ailleurs un usage parfaitement établi dès le milieu du XIIIe siècle, et sans doute il remontait plus haut, de réserver le cœur de nos rois et des princes de la famille royale ; de le placer dans une caisse particulière et d’en faire don aux églises ou monastères fondés ou spécialement chéris par les illustres morts. On a retrouvé nouvellement, dans la cathédrale de Rouen, le cœur de Richard-Cœur-de-Lion, qui, dans son testament, en avait ainsi disposé pour donner aux Normands un témoignage de son affection. Le même prince avait ordonné que ses entrailles fussent envoyées en Poitou, pour marquer le ressentiment qu’il conservait de la déloyauté des barons de cette province.

La reine Blanche, mère de saint Louis, avait voulu que ses entrailles fussent portées à Taverny, son corps à Maubuisson, et son cœur dans l’église du Lys, « en témoignage perpétuel de l’amour qu’elle avait toujours porté à cette abbaye. » Tels sont les termes de son testament. Et puisque nous avons rappelé ce fait, nous citerons les paroles de Dom Durant et Martenne, dans le Voyage littéraire : « L’abbaye du Lys reconnaît pour fondatrice la reine Blanche… On y conserve sous l’autel le cœur de cette princesse, qui voulut