Page:Paris, Paulin - Romans de la Table Ronde, tome 1.djvu/15

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La partie musicale des lais était aussi variée que le fond des récits ; tantôt douce et tendre, tantôt vive et bruyante. L’auteur français d’un poëme allégorique sur le Château d’amour nous dit que les solives de cet édifice étaient formées de doux lais bretons :

De rotruenges estoit tos fais li pons,
Toutes les planches de dis et de chansons ;
De sons de harpe les ataches des fons,
Et les solijes de dous lais des Bretons.

Et, d’un autre côté, l’auteur du roman de Troie, contemporain de Geoffroy de Monmouth, voulant donner une idée du vacarme produit dans une mêlée sanglante par le choc des lances et les clameurs des blessés, dit qu’auprès de ces cris, les lais bretons n’auraient été que des pleurs :

Li bruis des lances i fu grans,
Et haus li cris, à l’ens venir ;
Sous ciel ne fust riens à oïr,
Envers eus, li lais des Bretons.
Harpe, viele, et autres sons
N’ert se plors non, enviers lor cris…

Tel n’était pas assurément celui que blonde Yseult se plaisait à composer et chanter :

En sa chambre se siet un jour
Et fait un lai piteus d’amour ;