Page:Paris, Paulin - Romans de la Table Ronde, tome 1.djvu/23

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vite ; on se lasse des plus beaux airs longuement répétés : mais il n’en est pas de même des histoires et des aventures bien racontées. Ainsi l’on garda les récits originaux, on oublia la musique qui en avait été le premier attrait, et d’autant plus rapidement qu’on l’avait d’abord plus souvent entendue.

Cependant ces anciennes mélodies avaient offert à nos aïeux du dixième siècle, du onzième et du douzième, autant de charmes que peuvent en avoir aujourd’hui pour nous les chansons napolitaines ou vénitiennes, les plus beaux airs de Mozart, de Rossini, de Meyerbeer. Partagés en plusieurs couplets redoublés, offrant une variété de rhythme et de ton, réunissant la musique vocale et instrumentale, les lais bretons ont été nos premières cantates. On l’a dit : si le monde est l’image de la famille, les siècles passés doivent avoir avec les temps présents d’assez nombreux points de ressemblance. Pourquoi des générations si passionnées pour les grands récits de guerre, d’amour et d’aventures, qui permettaient à ceux qui les chantaient de former une corporation nombreuse et active, n’auraient-ils rien compris aux mélodieux accords, aux grands effets de la musique ? Pourquoi n’auraient-ils pas eu leur Mario, leur Patti, leur Malibran, leur Chopin, leur Paganini ? Le sentiment musical