le retint pour la nuit dans son ermitage et lui prédit la meilleure fortune, s’il n’oubliait pas, dans le cours de ses aventures, trois recommandations : la première, de préférer les chemins ferrés aux voies étroites et peu battues ; la seconde, de ne prendre jamais pour confident ni pour compagnon un homme roux ; la troisième, de ne jamais loger chez le vieux mari d’une jeune femme. Grimaud promit de suivre les bons avis du pieux solitaire. Puis il revêtit ses armes à l’exception du heaume, monta à cheval et continua sa route à travers la forêt. Bientôt il fit rencontre d’une caravane de marchands réunis autour d’une belle fontaine qu’ombrageait un grand sycomore. Ces voyageurs reposaient pour donner à leurs chevaux le temps de paître. Grimaud les salua ; les marchands, reconnaissant à ses armes, à son écu, à son grand coursier, qu’ils avaient devant eux un chevalier, se levèrent et le prièrent de partager leur repas. Grimaud accepta, et, de son côté, leur fit offre de services. « Nous devons, » disent les marchands, « gagner à l’entrée de la nuit l’hôtel d’un de nos amis ; mais il y a pour y arriver un pas assez difficile à traverser ; nous vous prions de vouloir bien nous accompagner et d’accepter le même gîte. — J’y consens ; prenez seulement les devants, restez dans le chemin le mieux
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