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CONVERSION D’AGRON.

maux, si bien que c’était à qui demanderait à hauts cris le baptême.

Matagran, averti de la rumeur, se rendit au temple à son tour : il avait été, longtemps avant, atteint d’une pointe de flèche qui lui demeurait en la tête. « Chrétien, » dit-il à Josephe, « je recevrai le baptême comme toutes ces gens, si tu me guéris et si tu rends la vie à mon frère Agron. » Josephe, sans répondre, fait tenir droit le duc Matagran ; il étend les mains autour de sa tête, et fait sur l’endroit entamé le signe de la croix. On voit aussitôt le fer de la flèche poindre, sortir, et Matagran s’écrier, transporté de joie, qu’il ne sent plus la moindre douleur.

Restait Agron dont le corps, déjà séparé de l’âme, lui fut amené. Josephe haussa la main, fit le signe de la croix, aussitôt on vit les deux parties séparées de la gorge se rejoindre ; Agron se leva et s’écria qu’il revenait du purgatoire où il commençait à brûler en flammes ardentes. On conçoit aisément qu’après tant de merveilles, les deux frères fussent disposés à croire aux vérités de la nouvelle religion. Pour le sénéchal qui avait blessé Josephe, il vint humblement demander pardon. Josephe toucha le tronçon de l’épée demeuré dans la cuisse et le fit sortir de la plaie qui sur-le-champ se referma. Prenant alors les deux tronçons de la lame : « À Dieu