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LE SAINT-GRAAL.

Tous les douze furent frappés et mis à mort. Pendant qu’il revenait tranquillement s’asseoir sous le figuier, l’odieux Siméon, armé d’une pointe envenimée, s’approchait de Pierre endormi, et voulait le frapper au milieu du corps ; mais le couteau alla seulement percer l’épaule, si bien que Pierre éveillé ne le laissa pas redoubler et se mit à crier : Au secours ! de toutes ses forces. On accourut, on arriva : « Qu’avez-vous, Pierre ? — Vous le voyez au sang qui coule de ma blessure ; c’est Siméon, je l’ai reconnu, qui est ainsi venu pour me tuer. » On cherche Siméon, on le joint ; il n’hésite pas à reconnaître son crime ; il avait voulu tuer Pierre. Autant en dit Canaan quand, à la vue de douze frères étendus sans vie, es autres chrétiens demandèrent s’il n’était pas le meurtrier. « Oui, je ne pouvais les souffrir plus favorisés que je ne l’étais de la grâce et de la Table du Graal. » Conduits devant Josephe, Bron, le Riche Pêcheur et les autres, tous dirent qu’il fallait en faire rigoureuse justice. Ils furent condamnés à être enterrés vivants, à la place même où le crime avait été commis.

La première fosse fut creusée pour Siméon. Comme on l’y conduisait, les mains liées derrière le dos, le ciel tout à coup s’obscurcit, des hommes en feu traversèrent les airs, puis