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LE SAINT-GRAAL.

frères, et chacune des fosses fut fermée d’une grande pierre sur laquelle on traça le nom des victimes ; sur celle de Canaan fut écrit : Ci-gist Canaan, né de la cité de Jérusalem, qui par envie mit à mort ses douze frères.

Josephe dit alors : « Nous avons oublié une chose importante : les treize frères que nous venons d’inhumer avaient porté les armes et fait en mainte occasion preuve de vaillance et de prud’homie ; il conviendrait d’indiquer sur la pierre de leur tombeau qu’ils avaient été chevaliers. Vous y déposerez leurs épées, et sachez qu’il ne sera donné à personne de les déplacer. »

On fit ce que Josephe demandait, et, le lendemain, ils furent bien émerveillés quand ils virent les épées se tenir dressées sur la pointe de la lame, sans que personne y eût touché. Pour la tombe de Canaan, ils la virent brûler comme ferait une bûche sèche jetée sur un brasier enflammé. « Ce feu, » dit Josephe, « durera jusqu’au temps du roi Artus, et sera éteint par un chevalier qui, bien que pécheur, surmontera en chevalerie ses compagnons. En raison de sa prouesse, et malgré le honteux péché dont il sera souillé, il lui sera donné d’éteindre les flammes de ce tombeau. On le nommera Lancelot ; par lui sera engendré en péché le bon chevalier Galaad, qui, par