Page:Paris, Paulin - Romans de la Table Ronde, tome 1.djvu/46

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des montagnes d’Irlande dans la plaine de Salisbury ; aux lais de la Bretagne appartiennent encore la touchante histoire du roi Lear, la dernière bataille d’Artus, sa blessure mortelle et sa retraite dans l’île d’Avalon.

Voici une dernière preuve du lien étroit qui unit la chronique de Nennius à celle de Geoffroy. La première s’arrêtait à la mention des douze combats d’Artus[1]. À compter de là, Geoffroy, sentant le besoin d’un autre guide, nous avertit qu’il va compléter ce qu’il avait trouvé dans le livre breton par ce qu’il a recueilli de la bouche même de l’archidiacre d’Oxford, cet homme si versé dans la connaissance de toutes les histoires. Pouvait-il avouer plus clairement la perte du bâton qui l’avait jusqu’alors soutenu ? Après avoir donc suivi les légendes populaires pour ce qui regardait Artus, il se borne à men-

  1. Tout ce qui suit ce passage dans les manuscrits de la chronique de Nennius n’en fait plus partie. Ce sont des additions que les copistes ont même eu soin de bien distinguer de ce qui précédait ; comme la vie de saint Patrice, le récit de la mission d’Augustin, etc., etc. Je suis heureux de voir que mon opinion sur le véritable terme de la chronique de Nennius est partagée par MM. Parrie et J. Sharp. « There is good ground for believing that all the matter in the Historia Britonum, later than the accounts of the exploits of Arthur, is subsequent interpolation. » (Monumenta historica Britannica, t. I, préface, p. 64.)