Page:Paris, Paulin - Romans de la Table Ronde, tome 1.djvu/56

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Tours, comme Homère, ajoute Geoffroy, l’avait déjà raconté. Assurément personne, au temps de Geoffroy, n’était en mesure de rechercher dans Homère la mention d’un pareil fait. Mais le conteur savait bien qu’on l’en croirait sur parole[1]. Il arrive enfin dans l’île d’Albion, marquée par l’oracle de Diane pour le terme et la récompense de ses travaux. Il impose son nom à la contrée et construit avant de mourir une grande ville qu’il appelle Troie-Neuve, ou Trinovant, en souvenir de Troie : nom plus tard remplacé par celui de London. « De London, » ajoute Geoffroy, « les étrangers » (c’est-à-dire apparemment les Normands) « ont fait Londres. »

L’histoire fabuleuse des successeurs de Brutus doit moins à Virgile, et plus aux traditions orales de la Bretagne. À l’occasion du roi Hudibras, Geoffroy exprime un scrupule assez inattendu : « Comme ce prince, » dit-il, « élevait les murs de Shaftesbury, on entendit parler une aigle ; et je rapporterais son discours, si le fait ne me semblait moins croyable que le reste des histoires. » (Livre II, § 9.) Les prophéties de l’aigle de Shaftesbury étaient célèbres parmi les anciens Bretons : dans son douzième

  1. On retrouverait peut-être cette fable dans le Roman de Troie de Benoît de Sainte-Maure, poëte contemporain de Geoffroy de Monmouth.