Page:Paris, Paulin - Romans de la Table Ronde, tome 1.djvu/75

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Brutes qui attendent encore son retour. »

Je ne vois pas bien ce que la critique moderne pourrait dire de plus contre ce fameux livre de Geoffroy de Monmouth. Les bons esprits ne l’avaient donc accepté que comme un recueil d’histoires controuvées à plaisir, auxquelles les Bretons seuls pouvaient ajouter une foi sérieuse.

Mais ce jugement lui-même permettait à l’imagination et aux fantaisies poétiques de prendre l’essor. Geoffroy avait donné l’exemple dont nos romanciers avaient besoin et qu’ils ne tardèrent pas à suivre. La courte, informe et cependant précieuse chronique de Nennius avait éveillé la verve de Geoffroy de Monmouth ; et ce que Nennius avait été pour lui, Geoffroy le fut pour Robert de Boron, et pour les auteurs des autres romans en prose et en vers, dont la France nous semble avoir le droit de réclamer la composition, et qui devaient produire une si grande révolution dans la littérature et même dans les mœurs de toutes les nations chrétiennes.