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LE CONSEIL DES DÉMONS.

ses desseins ont éveillé nos soupçons, nous l’avons harcelé ; nous avons tenté de l’induire à se mêler de nos œuvres, comme avait fait Adam ; nous y avons perdu nos peines. Quelqu’un ici ne trouvera-t-il pas un moyen, non de recouvrer ce que nous avons perdu, mais au moins de garder ce que nous sommes encore en danger de perdre ?

— Ah ! » s’écrient tous les autres démons, « si l’homme peut toujours être pardonné, s’il lui suffit du repentir d’un jour pour nous échapper, notre empire est détruit ; nous n’avons plus qu’à souffrir, sans avoir la consolation de voir souffrir les hommes. »

D’autres dirent : « Ce qui nous a le plus nui, ce qui a pressé la venue de celui qui devait briser l’Enfer, c’est l’effort que nous faisions pour réduire au silence, à l’aide de nos tortures, ceux qui annonçaient sa venue. Plus ils parlaient, plus nous les frappions ; et leur Sauveur ne s’en est que plus hâté de les arracher à nos supplices. Maintenant, si nous parvenions à douer un homme de notre science et de notre malice, un homme qui serait sur la terre ministre de nos intérêts, nous pourrions recevoir par lui grand confort. Comme il saurait tout ce qui s’est dit et fait, de près ou de loin, dans les siècles passés et présents, il n’aurait pas de peine