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LE ROI ARTUS.

core ; Merlin alla le réveiller : « Sire, levez vous, il est temps de chevaucher. » Quand les deux rois, le seigneur châtelain et la dame furent levés, les trois demoiselles vinrent leur donner de par Dieu le bonjour. « Et à vous bonne aventure ! » répondirent-ils, « avec toute la joie et l’honneur que vous pourrez souhaiter. » Le roi Ban jeta les yeux sur la fille d’Agravadain, si belle, si douce, si humble demoiselle ; il la regarda profondément, avec un léger sourire qu’elle lui rendit, baissant doucement la tête comme en présence du premier homme qu’elle eût aimé et qu’elle sentait bien ne pouvoir jamais oublier. En effet, nul autre ne toucha jamais à sa chair, car avis lui était que femme une fois donnée à roi ne se doit donner à nul autre. Plus tard elle fut demandée en mariage par un baron du pays bien plus puissant qu’Agravadain le Noir, lequel eut vivement souhaité cette union mais la demoiselle s’y refusa toujours, et finit par avouer à son père qu’elle aimait le roi Ban et qu’elle portait dans ses flancs un gage de cet amour. Le père[1], d’abord indigné de cette confidence, se consola en pensant que Merlin avait annoncé les hautes destinées de l’enfant qui allait naître

  1. Dans la dernière laisse, où la naissance d’Hector est racontée, le châtelain des Mares n’est plus Agravadain, mais Gossui.