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LE ROI ARTUS.

tombe sanglant, tout étendu, sans vie. La mort du géant mit un terme à la résistance des Saisnes ; bien heureux ceux qui peuvent regagner la prairie d’Aneblaise, où se tenait le roi Rion avec le reste de ses hommes. Genièvre, du haut des murs, reconnut dans le chevalier qui avait délivré son père le vainqueur du géant. « Quel peut-être ce hardi champion ? » demandait-elle. « C’est, » lui répondait-on, « un des soudoyers nouvellement retenus. – Certes, » fait-elle, « quel qu’il soit, il est issu de bonne race. Jamais homme de bas parage ne montra si grande prouesse. »

Les quatre rois mis en fuite et le butin partagé entre les vainqueurs, le roi Leodagan rentra dans sa ville de Caroaise, et son premier soin fut de remercier les quarante soudoyers inconnus en les priant de prendre hôtel chez lui, et de se réunir aux chevaliers de la Table ronde. Dès qu’ils furent désarmés, la belle Genièvre, couverte de ses plus riches draps, vint leur apporter l’eau chaude dans un bassin d’argent. Artus refusait d’accepter son service ; mais il fallut que lui et les deux rois Ban et Bohor se rendissent aux instances de Leodagan. La demoiselle leur lava de ses mains, le cou et le visage, puis les essuya doucement avec une fine toile. Une autre belle demoiselle, également nommée Genièvre, et fille de la femme