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MERLIN.

tous[1], ou l’on en faisait justice ordinaire ; on la lapidait. Les juges, avertis du fait, s’assemblèrent et ne la condamnèrent qu’à regret. « Voyez cette famille, » se dirent-ils ; « le père, il n’y a pas longtemps, était riche, honoré, entouré d’amis. Quelle méchéance de son fils, de sa femme et de lui : et maintenant il nous faut juger sa fille à mort ! » Par pitié et pour l’honneur de leur ancien ami, ils décidèrent qu’on la conduirait dans les champs, et qu’on l’enterrerait vive, de nuit, afin de cacher la chose autant que possible. Nouvel exemple de ce que peuvent attendre de l’Ennemi ceux qui l’honorent et lui obéissent.


    retourner au suzerain, la veuve ou l’héritière, mettant au monde un enfant dont la légitimité n’était pas reconnue, faisait tort au suzerain. Aussi voit-on les commères, qui plus tard glosèrent sur la grossesse de Merlin, regretter que tant de fiefs, de maisons et de terres soient au point de lui échapper. « Mar fu si biaus hebergeages et si bele terre et si bons fiez ; que ores sera tot perdu. » (Ms. 747, fo 79 v°.) Et « sans faille, » ajoute le confesseur de la pauvre fille enceinte, « quand li juge le sauront et la justice, il vos feront prendre pour avoir vos grans édifices, et diront qu’ils feront de vos justice. »

  1. On avait pour la prostituée cette indulgence, parce qu’en avouant cette profession, elle renonçait à sa part dans la succession de famille, et n’était plus une héritière dont le roi pût offrir la main à quelqu’un de ses hommes.