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LE ROI ARTUS.

tres secrets que, pour ne pas oublier, elle écrivait en parchemin. Au congé prendre, elle lui demanda quand il reviendrait. « La veille de la Saint-Jean[1]. »

Cette veille arriva. Viviane l’attendait au bord de la fontaine, et, dès qu’elle le vit approcher, elle le conduisit dans ses chambres si secrètement que personne ne s’en aperçut : puis elle se prit à l’interroger, mettant en écrit chacune de ses réponses. Quand elle senti que l’excès de son amour l’emportait sur sa prévoyance et sa raison, elle lui demanda comment elle pourrait endormir un homme pour tout le temps qu’elle voudrait. Merlin devina sa pensée ; mais tel était son aveuglement qu’il craignait de s’arrêter à la vérité. Cependant : « Pourquoi » dit-il, « tenez-vous à connaître ce secret ? — Pour avoir le moyen d’en user sur mon père et sur ma mère, quand j’ai le bonheur d’être avec vous. Ne savez-vous qu’ils me tueraient s’ils pouvaient jamais deviner nos amours ? » Viviane renouvela plusieurs fois ses instances, et Merlin trouvait toujours moyen de l’éconduire. Un jour, comme ils étaient assis près de la fontaine, Viviane le prit dans ses bras, lui fit reposer la tête sur ses genoux,

  1. C’est-à-dire sans doute le lendemain de la grande bataille où devaient être vaincus le roi Claudas et ses alliés.