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Page:Paris, Paulin - Romans de la Table Ronde, tome 2.djvu/202

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CLEODALIS.

deux grands chênes voisins l’un de l’autre, seraient tombés sous les coups des Saisnes, si Merlin n’eût averti le roi Artus de compléter sa victoire en venant à l’improviste attaquer les sept cents géants qui occupaient encore la forêt.

Il était grandement temps que le secours leur arrivât : Leodagan, de nouveau désarçonné, venait de tomber sanglant sur ses genoux ; Cleodalis, percé de vingt coups d’épieu, résistait encore malgré le sang qui coulait de vingt blessures. Dès que les géants furent dispersés : « Cleodalis, » dit faiblement le roi, « je vois bien que je suis à ma fin venu ; mais, gentil homme, je vous crie merci de mes torts envers vous. » Disant cela, il essayait de se tenir à genoux en tendant son épée. « Prends ton droit, gentil chevalier ; tranche-moi la tête comme je le mérite et comme tu es obligé de le faire. » Cleodalis, voyant ainsi le roi, ne put retenir ses larmes ; il lui tendit la main, le releva et déclara qu’il le tenait quitte de tous les méfaits qu’il avait à lui reprocher.

L’armée victorieuse revenue à Caroaise, Cleodalis et Leodagan se confièrent à de bons médecins qui parvinrent à fermer leurs plaies. Pour le roi Artus, il jugeait le moment venu d’épouser Genievre, sa fiancée ; mais le sage Merlin lui représenta qu’il avait auparavant