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LE ROI ARTUS.

qu’à ces conditions elle lui accordait son amour. « Mais, » reprit Guinebaut, « n’avez-vous jamais eu de seigneur ? — Non ; je suis aussi bonne pucelle qu’en sortant du ventre de ma mère : de plus, je suis dame d’un royaume appelé la Terre lointaine. — Pour moi, » dit alors le vieux chevalier, « je prétends dresser ici une chaire élevée, où viendra s’asseoir le chevalier loyal qui doit mettre fin à l’aventure. Et moi, » dit le roi Bohor, « je déposerai une riche couronne d’or que le loyal chevalier aura seul droit de porter. » Alors la dame et Guinebaut échangèrent fiance d’être à jamais l’un à l’autre ; il fut en outre convenu que la mort de la dame ou de son amant n’empêcherait pas les danses de continuer, jusqu’au moment de l’arrivée du Chevalier loyal en amour. Guinebaut jeta son enchantement et c’est ainsi que la carole fut établie ; elle n’était interrompue que pour laisser aux danseurs le temps de dîner, souper et dormir.

La dame obtint de Guinebaut un second jeu. Ce fut un échiquier mi-parti d’or et d’ivoire, ainsi que les paons et les autres personnages. Le sort qu’il jeta fut tel : sitôt qu’un joueur avait fait le premier trait d’un paon ou de quelque autre pièce, il devait voir le jeu répondre et les pièces avancer sans qu’une main les conduisît ; quelle que fut son adresse, le joueur ne