Page:Paris, Paulin - Romans de la Table Ronde, tome 2.djvu/240

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.
233
LA FAUSSE GENIÈVRE.

plus que vous, » répondit Artus ; « mais j’attendrai le retour de mon bon ami Merlin, qui m’a promis d’arriver à temps : je pense qu’il ne tardera pas huit jours. »

Merlin arriva en effet quand déjà tout était disposé pour la cérémonie. Comme il n’ignorait de rien, il avait su qu’Artus était impatient de le revoir et il avait eu connaissance des dispositions de ceux qui ne voulaient de bien ni au roi de Logres ni à celui de Carmelide. Nous vous avons déjà raconté[1] l’histoire de la seconde Genièvre, fille du roi Leodagan et de la femme du sénéchal Cleodalis. Les parents de Cleodalis, fidèles aux mœurs et usages de leurs ancêtres, avaient pris fort à cœur l’injure faite à la femme de leur parent : et pour ne pas encourir le déshonneur qui frappait la famille, quand elle était outragée dans un de ses membres, ils avaient juré de tirer vengeance de la honte faite au sénéchal. Le parti auquel ils s’arrêtèrent fut de gagner la maîtresse ou gouvernante de la fiancée d’Artus, et de lui persuader de conduire la seconde Genièvre dans la couche nuptiale au lieu de la première, Attentifs au moment où la nouvelle mariée descendrait au jardin du palais, ils devaient l’arrêter et l’entraîner dans une nef pré-

  1. Page 153.