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Page:Paris, Paulin - Romans de la Table Ronde, tome 2.djvu/244

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TOURNOI DE CAROAISE.

sur laquelle était posé le heaume, et lui crie de nouveau de se rendre s’il ne veut mourir. — « Tuez-moi ; pour me rendre, jamais – Comment, chevalier, se peut-il que vous préfériez la mort à la honte de vous rendre ? — Assurément. — Et moi, » reprend Gauvain, « Dieu me garde de tuer un si prud’homme ; mais au moins vous laisserai-je incapable de monter à cheval. — Faites ainsi que vous l’entendrez, » dit Nascien ; « je ne me rendrai pas. » Gauvain, admirant ce grand courage, s’avisa d’une générosité qu’on ne saurait assez louer. Il prit Nascien par le bras : « Levez-vous, Sire, » lui dit-il, « prenez mon épée ; je vous la rends comme à celui qui m’a outré. » Ce fut alors à Nascien de s’humilier. « Ah Sire, » dit-il en pleurant, « ne parlez pas ainsi ; c’est à vous de prendre mon épée ; je vous la rends, je suis vaincu ; si je ne le confessais pas, assez de chevaliers ont vu comment la chose est allée ; mon chagrin est de ne pouvoir jamais reconnaître tant de franchise. » Alors les deux chevaliers se précipitèrent aux bras l’un de l’autre ; puis ils remontèrent et se perdirent dans la mêlée.

La journée ne fut pas bonne pour les compagnons de la Table ronde. Obligés de quitter la place, ils rebroussèrent vers la ville mais, dans leur dépit, ils résolurent de fermer le re-