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TOURNOI DE LOGRES.

furieusement que s’ils avaient eu les Saisnes à combattre. De la première course ils abattirent vingt des meilleurs chevaliers de la reine. Yvain appercut le premier leur félonie : « Voyez-vous, » dit-il à messire Gauvain, « le beau jeu qu’on fait à nos compagnons ? — Ce n’est pas, » dit Gauvain, « le fait de prud’hommes. Allez, Gueret de Lamballe et Guiomar, allez aux compagnons de la Table ronde, et dites-leur de ma part et de celle de mes amis qu’ils agissent mal : il faut qu’ils s’arrêtent, ou nous en ferons clameur au roi. S’il est un seul de nous qui ait méfait, nous l’amenderons. » Les deux chevaliers allèrent porter ces paroles. Loin d’être accueillis favorablement, on leur répondit : « Peu nous chaut de ce que vous nous mandez ; en grogne qui voudra ! Dites à Gauvain qu’il faut voir où sont les meilleurs vassaux, et qui sait mieux fournir une course. » Les messagers ainsi mal reçus reviennent à monseigneur Gauvain : « Eh bien ! s’il est ainsi, montrons, » dit Gauvain, « quels sont les meilleurs. » Puis, tirant à l’écart Sagremor, ses trois frères, Yvain, Galeschin, Dodinel, Keu d’Estraus et Girflet : « Seigneurs, » dit-il, « les compagnons de la Table ronde ont fait une action déloyale : demandons nos hauberts ; armons-nous du mieux que nous pourrons. » Il y en eut bien qua-