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Page:Paris, Paulin - Romans de la Table Ronde, tome 2.djvu/277

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LE ROI ARTUS.

tête avait toute la beauté que femme pouvait désirer, jamais on ne vit de mains plus parfaites que les siennes sa chair répandait une odeur suave de lait ajoutez encore qu’elle avait une éloquence vive et persuasive. D’aileurs c’était la femme la plus ardente et la plus lascive de la Grande-Bretagne. Quand une folie ardeur ne t’emportait pas, elle était bonne, gracieuse et bienveillante à tous mais, quand elle avait pris quelqu’un en haine, elle n’entendait à nul accord. On ne le vit que trop à l’égard de la reine Genièvre, la dame qu’elle devait le plus aimer et à laquelle elle causa de mortels ennuis ; elle la couvrit même de honte à ce point que tout le monde s’en entretint, comme on le racontera plus tard.

Guiomar entra donc dans la chambre où se tenait Morgain et la salua doucement en souhaitant que Dieu lui donnât bon jour. Morgain rendit le salut. Il s’approcha, s’assit près d’elle, prit le fil d’or entre ses doigts et lui demanda quel était l’ouvrage qu’elle entendait à faire. Guiomar était grand, bien taillé de tous ses membres il avait le visage frais et coloré, les cheveux blonds et bouclés, la bouche riante et gracieuse. Morgain l’écouta, le regarda volontiers : tout lui plut en Guiomar, ses paroles et sa personne. Il se hasarda à la prier d’amour : Morgain rougit, répon-