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Page:Paris, Paulin - Romans de la Table Ronde, tome 2.djvu/307

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LE ROI ARTUS.

Ils sont trois comme nous ; nous pouvons donc sans félonie nous mesurer. » Cependant les chevaliers de la Reine relaçaient les heaumes qu’ils avaient ôtés pour respirer le frais ; ils allaient continuer leur chemin quand les autres crient : « Arrêtez-vous ! il faut croiser le fer ou nous laisser vos chevaux. — Comment, » dit Sagremor, en tournant vers eux la tête de son cheval, « vivez-vous du métier de larrons ? S’il en est ainsi, quand nous sortirons de la forêt, vous pourrez faire tenir ce que vous aurez pris dans une bourse de Poitevine[1]. — Gardez-vous toutefois, » reprit Agravadain, « nous vous défions. »

Les chevaux sentent aussitôt la pointe de l’éperon, et le glaive sous l’aisselle, l’écu devant la poitrine, on les aurait vus tous les six fondre l’un sur l’autre assez rudement pour trouer les écus, démailler les hauberts. Agravadain brise sa lance sur le haubert de Sagremor, celui-ci enfonce le fer de la sienne si profondément dans les chairs de son adversaire que le sang en jaillit à gros bouillons ; cheval et cavalier roulent à terre. Agravadain se redresse en pied, tire l’épée du fourreau pour attendre Sagremor au retour de la passe : Sagremor descend,

  1. Et quant nous venrons auque nuit à l’hostel, vous aurez petit à mengier dou gaaing que vous emporterez de nous. (Msc. 749, fo 302.)