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LE ROI ARTUS.

avant de lui donner le temps de se relever, le terrible Artus l’atteignit sur l’épaule gauche et enfonça la longueur de deux doigts de son arme dans les chairs. Rion se dresse un Instant, puis retombe ; Artus s’élance de cheval, met un genou sur lui, frappe à coups redoublés sur son heaume, le détache, l’ouvre, et haussant l’épée : « Roi Rion, rends-toi, ou tu es mort. — J’aime mieux la mort que la honte. » À ces mots, Artus n’hésite plus et lui tranche la tête à la vue des deux armées qui couvraient la prairie. On comprend la douleur des uns, la joie des autres. Artus fut ramené en triomphe dans Caroaise, et, pendant qu’on visitait ses plaies, que les mires assuraient qu’il n’y en avait aucune de mortelle, les vassaux du roi Rion se rendaient prés du prince victorieux, lui faisaient hommage de leurs terres et le reconnaissaient pour leur suzerain. Ils retournèrent ensuite à la mer, emportant à grande douleur dans leurs vaisseaux le corps du redouté Rion. Pour Artus, après quelques jours de repos auprès du roi Leodagan, il donna congé à ses hommes et revint à Kamalot avec Gauvain, Merlin et les compagnons de la Table ronde. De là, il se rendit à Logres, où le prophète annonça que de longtemps il n’aurait besoin de son service et de sa présence à la cour. « Ah ! Merlin ! » fit le roi, « ne parlez pas ainsi ; vos