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Page:Paris, Paulin - Romans de la Table Ronde, tome 2.djvu/355

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LE ROI ARTUS.

lever. Il le dresse sur son épaule, s’avance vers Artus, et, quand il est à portée, brandit la massue pour lui écraser la tête : mais le roi fait un mouvement rapide de côté, et le géant manque son coup en se détournant, Artus pensait lui donner de l’épée par le visage, mais Marmiadoise avait rencontré la massue, la pointe seule avait atteint les sourcils et pénétré dans la racine du nez : le sang, descendant alors sur les yeux, inonda le visage du géant qui ne vit plus goutte. Ce fut là ce qui causa sa perte : il avait beau frapper, la massue n’était plus entre ses mains qu’une arme défensive. Artus le labourait de son épée tout en se gardant de trop approcher, car c’en était fait de lui si le géant venait à le saisir. Ils restèrent ainsi longtemps sans arriver à s’entamer l’un ou l’autre. Le monstre perdit le premier patience ; il jeta sa massue à terre, courut à tâtons du côté où il entendait marcher. Artus reculait, avançait, se détournait et portait de vigoureux coups ; mais la peau d’un serpent, cuirasse impénétrable, défendait le géant contre le tranchant de Marmiadoise.

Enfin, à force de tâtonner çà et là, le colosse saisit le bras d’Artus et se crut maître de sa vie ; il l’aurait en effet aisément étouffé, sans la légèreté merveilleuse du Roi, qui tant se débattit qu’il échappa de ses mains, tout froissé, tout meurtri. Après un moment d’arrêt, il re-