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Page:Paris, Paulin - Romans de la Table Ronde, tome 2.djvu/371

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LE ROI ARTUS.

il leur fit seulement jurer de ne jamais porter les armes contre les Bretons. Il aurait prolongé son séjour dans la ville de Benoyc, sans la nouvelle qu’il reçut de la mort du roi Leodagan de Carmelide. Il se remit donc en mer, donna congé à tous ses barons et reparut à Logres, où il mêla ses larmes à celles de la reine Genievre.

Artus ne devait plus retourner en Gaule : il avait pour la dernière fois pris congé des deux rois Ban de Benoyc et Bohor de Gannes. Merlin l’avait encore suivi à Logres ; mais, après avoir pris quelque temps sa part des entretiens de la cour, il demanda congé, et les prières d’Artus ne l’empêchèrent pas de déclarer qu’il s’éloignait pour ne plus jamais revenir. Un pouvoir irrésistible, plus grand que le sien, celui de l’amour, le ramenait, malgré toutes ses prévisions, dans la forêt de Broceliande, vers celle qui allait à jamais l’arrêter dans le cercle magique dont lui-même avait appris le secret. Ainsi devenait-il volontairement victime de celle qu’il aimait. Mais les liens dont elle allait le retenir n’avaient rien qui l’effrayât : avec Viviane, pouvait-il encore souhaiter ?

L’éloignement de Merlin avait jeté le roi Artus dans une profonde mélancolie. Un jour, Gauvain, frappé de ses longues rêveries, lui