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MERLIN.

de départ dans les traductions de l’Historia Britonum et dans les anciens lais chantés longtemps avant l’œuvre de Monmouth dans toutes les parties de la France. Robert de Boron, je le répète, n’a pas eu d’autre secours, n’a pas puisé à d’autre source : les heureuses additions qu’il a faites aux récits populaires sont dues à son imagination, à son génie. La légende, bretonne, galloise ou latine, de Joseph d’Arimathie existait avant son poëme. Mais Geoffroy de Monmouth ayant concentré, pour ainsi dire, l’attention et la curiosité littéraire de son siècle sur les aventures d’Artus et de Merlin, Robert de Boron et ses continuateurs posèrent graduellement sur ce fondement l’édifice enchanté des Romans de la Table ronde, et donnèrent à toutes ces créations successives une sorte d’unité, en les rattachant à la première donnée religieuse. Ce fut pour eux un moyen d’entrer en matière et de conclure deux choses fort difficiles et fort embarrassantes dans tous les genres de composition.

Mais jamais ces immortels créateurs de la romancerie n’eurent la pensée de fonder un nouveau système d’esthétique sur les ruines de celui qui existait avant eux. J’en demande donc pardon à un écrivain moderne très-ingénieux, qui, tout en promettant de faire mieux