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LE VILAIN AUX SOULIERS.

des messagers, ayant rejoint le vilain, lui demandent ce qu’il veut faire de son emplette : « Je dois, » dit-il, « aller en pèlerinage ; j’ai acheté des souliers neufs, et du cuir pour les raccommoder quand ils seront usés. Les messagers reviennent à Merlin : « Nous avons parlé à cet homme, il est parfaitement sain et bien portant. — Suivez-le cependant, » dit Merlin. Ils n’eurent pas fait une lieue qu’ils voient le vilain s’arrêter, fléchir et tomber sans mouvement : ils approchent, il était mort.

Cette histoire du pèlerin se trouvait déjà, comme on a vu plus haut (page 85), dans le poëme de la Vita Merlini ; mais elle est ici mieux à sa place que dans le poëme qui l’a inspirée.

Dans le cours de leur voyage, une seconde aventure semble faire double emploi avec l’histoire de la mère du Juge. — En traversant une ville, ils voient un grand deuil d’hommes et de femmes autour de la tombe d’un enfant qu’on portait en terre. Merlin se met à rire ; on lui en demanda la raison : « Voyez-vous, » dit-il, « ce prud’homme qui témoigne d’une si grande douleur ? — Oui. — Voyez-vous le prouvaire qui chante là devant les autres ? Le prud’homme ne devrait pas pleurer, et le prouvaire devrait mener le deuil ; c’est le véritable père de l’enfant.