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MERLIN.

Nous arrivons à la fameuse légende de Stonehenge, cette enceinte de pierres druidiques dressée dans la plaine de Salisbury. C’est une tradition que l’histoire ne donne aucun moyen d’expliquer et de justifier. Geoffroy de Monmouth et Robert de Boron la rattachent également à l’histoire de Merlin ; ils font tous deux venir les pierres, d’Irlande en Grande-Bretagne ; mais Geoffroy place l’événement sous le règne d’Aurélius Ambroise (le Pendragon de Robert), qui aurait ainsi désiré consacrer le lieu où reposaient les illustres Bretons morts en combattant les Saxons. Robert de Boron veut, au contraire, que le transport des pierres n’ait eu lieu que sous Uter, frère et successeur de


    tion bretonne), avait été composé, et comment il se faisait qu’on ne trouvât pas, dans ce livre des Prophéties, tout ce que lui-même allait raconter des faits et gestes du prophète. Il veut aller ainsi, suivant sa coutume, au-devant des objections et de la défiance des lecteurs. « Ce que vous nous racontez là, » pouvait-on lui dire, « est de votre invention, car on ne le trouve pas dans le livre des prophéties, que nous connaissons tous. — Il est vrai, » répondait Boron ; « mais le livre des prophéties n’a pas été rédigé par Merlin ; ceux qui l’ont fait, sans son aveu, n’ont voulu que consigner ce qu’il disait, pour le comparer aux événements, à mesure qu’ils s’accompliraient. Ils n’ont donc pu raconter la vie de Merlin, qui seul pouvait la dicter, comme il a fait dans le livre que je mets aujourd’hui sous vos yeux. » À cela, il n’y avait rien à répondre.