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MERLIN.

sur la montagne de Killaraus, en Irlande. C’est un assemblage de pierres qui ne peuvent être ébranlées que par la connaissance profonde de l’art mécanique. Si l’on parvient à les replacer ici dans l’ordre où elles sont maintenant, elles y resteront jusqu’à la fin des siècles. »

Le roi se prit à rire « Le moyen, » dit-il, « de transporter d’aussi pesantes masses à pareille distance ! la Bretagne n’a-t-elle pas assez de pierres ? — Ne riez pas, » reprit Merlin, « ces pierres d’Irlande ont des propriétés mystérieuses, de grandes vertus médicinales. Les géants du temps passé les avaient transportées de la côte d’Afrique la plus éloignée en Irlande, quand ils habitaient cette île. Leur projet était de les disposer en cuves, et d’y établir des bains pour les malades[1] ; car c’est aux bains qu’ils demandaient la cure de tous leurs maux. C’est encore ainsi qu’ils guérissaient toutes les blessures, en mêlant à l’eau le suc de certaines herbes. Il n’est pas une de ces pierres qui ne soit douée de quelque vertu particulière. »

Les Bretons résolurent d’aller prendre ces pierres, et de combattre les Irlandais s’ils es-

  1. La forme la plus ordinaire des sarcophages a pu donner l’idée d’en faire des baignoires.