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MERLIN.

une lueur d’espérance qu’en s’entretenant d’elle avec Ulfin : « Tosjors cuidoit-il morir quant il ne la véoit, et quant il la véoit, si li allegeoit un poi sa dolor, et longuement ne povoit-il vivre se il n’avoit confort de s’amor. » Ulfin pour le réconforter lui dit : « Sire, vous êtes moult mauvais, quant por le désir d’une feme cuidiez morir ; je, qui sui un povre home, se je l’amois autant com vos faites, n’en cuideroie pas morir ; car je n’oi onques parler de feme, qui se poïst défendre se ele estoit bien priée et l’en poïst doner joiaus, et amer et honerer tous ceus et toutes celes qui sont entour li. »

Ulfin, qui donnait de si bons avis, fut chargé du soin d’adoucir les rigueurs de la belle duchesse. Pendant que le roi redoublait d’attention auprès du duc de Tintagel, lui ne quittait pas les traces d’Ygierne à laquelle il offrait sans cesse de nouveaux présents : « Tant que un jour avint que Ygierne tint à conseil Ulfin et li dist : Pourquoi me voulez-vous donner ces joiaux et ces grans dons ? Ulfin respont : Pour votre grant sen, votre beauté et votre simple contenance. Je ne vous puis rien doner ; quar tuit li avoir du roiaume de Logres sont à vostre volonté, tuit li cors des homes à votre plaisir. Et ele respont : Coment ? Et Ulfin dist : Pour ce que vous avez le cuer de celuy à cui tous les au-