ce contrait, dis-lui que je lui donne l’homme que j’aime le mieux au monde. »
« Ulfin ne parole onques, ains se va donner au contrait. Et quant li contrais le vit, si li demande : Que venez-vous querre ? Et Ulfin dit : Li rois m’envoie à vous que je soie vostre. Quant il l’entent, si s’en rist, et dist à Ulfin : Li rois s’est aperçu, et me connoist mieux que tu ne fais. Li viez homs que tu véis hier m’avoit envoié à toi. Va au roi, si li di que je voi bien qu’il feroit grant meschief pour avoir sa volonté, et que tost s’est aperçu ; et que mieux li en sera. Et Ulfin dist : Je ne vous oserois demander de vostre estre. — Demande-le au roi, dit le contrait, il te le dira. »
Le roi avait en effet deviné que c’était Merlin qui se gaboit d’eux. Le prophète parut bientôt sous sa forme ordinaire dans la tente du roi. Merlin, sachant tout ce que désirait le roi, ne voulut rien promettre avant d’avoir fait jurer au roi et à Ulfin, « sur les haus sainctuaires les meillours qu’il avoit et sur un livre, » qu’ils lui accorderaient ce qu’il leur demanderait, le lendemain du jour où il aurait vu Ygierne et obtenu l’accomplissement de tous ses désirs.
« Lors dist Merlins[1] : Il vous convien-
- ↑ Boron suit maintenant le récit de Geoffroy de Monmouth.